Contexte historiqueAvant Michel Tremblay, le théâtre québécois était souvent bourgeois, élitiste et peu accessible au peuple canadien-français. On présentait beaucoup de pièces venues de la France qui ne représentaient pas la réalité vécue par les Québécois. Le Québec était plongé dans un climat très religieux qui laissait peu de place à la liberté d’expression, et cela transparaissait dans le théâtre et dans l’art en général. Puis, arrivent la mort du premier ministre conservateur Maurice Duplessis en 1959 et le début de la Révolution tranquille au cours des années 1960. C'est à cette époque, en 1965, que la pièce Les belles-Soeurs est écrite. Cette période est marquée par la séparation de l'État et de l'Église, par l'affirmation québécoise, politique, culturelle et linguistique, par la montée des syndicats et par le féminisme. Ainsi, les mœurs de la population changent peu à peu. On note une plus grande ouverture d’esprit à la nouveauté et à la différence. Michel Tremblay fait sans contredit partie de ce renouveau dans la société québécoise. Il ne se gênera pas pour critiquer ce qui le dérange dans cette société (l'emprise de l'Église, la condition de la langue française au Québec, l'intolérance envers la différence, etc.). En même temps, ses œuvres témoignent d'un grand nationalisme et d'une fierté d'être québécois. |
À travers ses nombreux thèmes qui ont souvent été considérés comme trop choquants et son style humoristique et caricatural, il se démarque clairement de ce qui se fait dans la dramaturgie québécoise à l’époque. C’est entre autres pour cette raison que son œuvre a eu un si grand impact dans la littérature québécoise et partout à travers le monde : Michel Tremblay n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait, et de la façon qu’il le voulait.
Avant Tremblay, seuls les dramaturges Gratien Gélinas et Marcel Dubé avaient osé critiquer leur société et représenter la réalité des Québécois dans leurs pièces, mais dans une langue plus standard. Tremblay, quant à lui, est le premier à faire parler ses personnages en joual, langue du peuple. En effet, il profite du débat sur la langue française présent au Québec pour montrer son point de vue sur la situation et pour défendre cette langue qu'il entend parler depuis sa naissance. D'ailleurs, à l'époque, il affirme « On va arrêter d’avoir honte et on a va faire parler le monde comme il parle dans la vraie vie. » |